
Poésie
Un peu de terre (1975)
Où volais-tu le jour des
Fontaines
Dans ce pays de saison
Les images montaient dans l'eau
Des récits
Et les fleurs, qui sont des maximes,
Se cousaient aux oiseaux
Quel compte avais-tu avec les
Etoiles
Je ne parle pas d'un miracle
Les arbres et les saisons t'appartiennent
*
Les lunes, le cheval, l'eau.
Une épée pure comme des larmes.
Un linge de nuit pour les
Paupières.
Qu'ai-je besoin du regard.
Tu descends les collines d'Arabie
Avec un oiseau mort au poing
Et tu parles d'une peine dans un
Pays de Galets
Au loin, là-bas, derrière les
Grands cyprès.
*
Comme le sel dans l'eau
Je deviens jour, pierre, silence
Entre tes mains
Plus petit qu'un cristal
Et pourtant démesuré
Je pleux, je neige, je réchauffe,
Je te ressemble
*
Je ne dis pas ce que je dis
Je ne parle pas avec des mots
Je n'invente pas ta présence
Je ne suis pas où je suis
Je te regarde
Je t'écoute dans le silence
Dans le bois, dans le sanbge
Je me définis.
*
Les femmes liquides hanchent la
Place
Elles emportent les yeux des
Mains
Vers des jarres de solitude
Où les cris sont des cailloux.
Je jette un visage, un arbre
L'eau déborde des mains
Il ne reste que le ciel et
Le linge d'un visage
Les vendanges humaines (1984)
Les mouches tournent dans
la cuisine
elles sont bleues, sources.
Je leur donne un coin
de table.
De la lumière aux mouches,
il y a la relation nécessaire
entre l'homme et le pain.
Elles mangent un peu
de lumière.
Nous rions.
La table est à tout le monde.
Le pressoir du temps (1997)
Le boulanger et le coq cuisent
la farine de la journée.
L'un crie,
le boulanger blanchit les épaules.
Mes vaches, me cochons intérieurs
dégagent leur odeur d'éternité.
Je les écoute.
Ma vache a raison. Le coq voit
juste.
L'homme ne possède pas de pieds
et de jambes
sinon d'insectes.
Il se forme dans une main tendue
A Ouessant
N'économise pas
ton temps
Laboure
Peine
Retourne
Le temps ne se gagne
qu'en se dépensant
grain après grain
ou à la volée.
Ne mesure pas
Dilapide
Démesure
Emprunte au vent
à la pluie
à l'orage
Rends en tempête
et furies ( folies)
Prodigue
Quelle autre richesse
que de battre monnaie
et temps.
Tourne le dos à ce
temps
et même au temps
Avance à contre-courant,
à contre-temps
à contre nuit et jour
Ta vie n'est pas devant
toi
Elle est en toi
avant toi
dans le soleil du commencement
et la nuit de ton être.
Eléments (1997)
Le mot à mot du silence n'est que le
goutte à goutte de l'infini.
La nuit, quel doigt d'aveugle tire sur la
corde du silence jusqu'à la faire vibrer.
Accordeur de silence. Métier de solitaire.
L'homme n'est qu'un buisson de mots
qui n'a que le silence à apprendre pour
entendre les oiseaux ou les mots chanter.
Rompre le pain ou le silence. Puis le distribuer à parts égales.
Tout le mystère du repas quotidien.
Un rien de silence. Quelle fontaine.


- Poésie -
Toute écriture
est poésie
ou n'est rien.



